Face à l’urgence climatique et des lois plus strictes, 2025 est une année charnière pour l’électrification des flottes d’entreprise. Les réglementations poussent à adopter des véhicules à faibles émissions, impliquant des ajustements fiscaux, des infrastructures de recharge et une gestion optimisée. Renault, Peugeot, Tesla et d’autres proposent des solutions adaptées. Cette transition, bien que complexe, offre des opportunités économiques pour les entreprises proactives.
Évolution réglementaire et enjeux fiscaux pour l’électrification des flottes d’entreprise
Depuis l’adoption de la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) en 2019, le cadre législatif concernant les flottes d’entreprise en matière d’environnement ne cesse de se durcir. Son objectif principal est clair : faire monter en puissance la part des véhicules à très faibles émissions au sein des parcs automobiles professionnels. Désormais, à partir de 2025, les entreprises disposant de plus de 20 véhicules légers doivent se conformer à des quotas stricts. Ces proportions doivent à terme atteindre jusqu’à 70 % en 2030, indiquant une trajectoire sans équivoque vers l’électrification.
Le projet de loi de finances 2025 vient renforcer cette dynamique en instaurant des sanctions financières lourdes à l’encontre des entreprises déficientes. L’amende fixée à 2 000 € par véhicule manquant, plafonnée à 1 % du chiffre d’affaires, représente une menace sérieuse pour les gestionnaires de flotte qui choisiraient la procrastination. Par ailleurs, l’obligation de poser une borne de recharge pour au moins une partie des places sur les parkings d’entreprise ayant plus de 20 places, entrée en vigueur cette année, concrétise un impératif logistique.
Cette obligation complique la gestion quotidienne des parcs : il ne s’agit plus simplement de choisir des véhicules, mais de piloter l’ensemble d’un écosystème regroupant infrastructures, maintenance et formation du personnel. La transformation est donc à la fois environnementale et organisationnelle.
Par ailleurs, le durcissement des malus écologiques affecte aussi particulièrement les véhicules thermiques, avec un seuil abaissé à 113 g de CO2/km en 2025, qui devrait tomber à 103 g/km en 2027. Ce changement impacte directement des véhicules populaires au sein des flottes comme la Peugeot 3008 ou le Renault Scenic thermiques, rendant leur acquisition de moins en moins viable financièrement. L’interdiction progressive des exonérations pour les hybrides rechargeables pousse également à une réflexion stratégique sur les modèles proposés aux collaborateurs.
La fiscalité récente agit également sur les avantages en nature accordés aux employés utilisant ces véhicules. L’abattement spécifique pour les véhicules électriques certifiés Eco-score, plafonné désormais à 70 % de la valeur du véhicule, modifie le calcul des cotisations sociales et influence la politique de mobilité des entreprises. En clair, le régime fiscal devient un levier puissant pour orienter les choix vers des solutions plus vertes, au même titre que la taxe annuelle sur les émissions de CO2 qui s’applique désormais à chaque véhicule d’entreprise. La complexité des règles nécessite une expertise accrue, mais sollicite aussi les gestionnaires dans une logique d’optimisation et d’anticipation.
Quotas de véhicules électriques : état des lieux et exemples d’entreprises leaders en 2025
Six ans après le vote de la loi LOM, il est pertinent de dresser un bilan sur l’atteinte des objectifs légaux. Sur les quelques 3 700 entreprises concernées, seulement un quart a effectivement réussi à atteindre le quota minimal fixé pour 2025 concernant la part de véhicules à très faibles émissions dans leurs flottes. Ce chiffre révèle un écart important entre les ambitions réglementaires et la réalité du terrain. Il illustre aussi les freins techniques, économiques et organisationnels qui subsistent.
On peut néanmoins observer quelques réussites notables. Orange, par exemple, a su intégrer 41 % de véhicules électrifiés dans son parc en 2024, se positionnant ainsi bien au-delà des seuils exigés. Crédit Agricole Leasing suit de près avec un taux à 36 %. Ces exemples montrent qu’avec des plans stratégiques cohérents et un accompagnement adapté, il est possible d’avancer efficacement vers le verdissement.
Les raisons des retards pour la majorité des entreprises sont multiples. Le coût initial, malgré un retour sur investissement souvent estimé à moyen terme, freine encore certains acteurs, notamment dans les PME. Le manque d’infrastructures de recharge accessibles ou adaptées complique la logistique quotidienne. De plus, le scepticisme persistant autour de l’autonomie des batteries influence également les décisions d’achat, en particulier pour des professions nécessitant des trajets réguliers sur autoroute ou des usages intensifs.
Le spectre de ces contraintes techniques explique pourquoi plusieurs firmes optent pour un mix énergétique dans leurs flottes, combinant véhicules électriques, hybrides et thermiques, en fonction des usages. Cette transition progressive est toutefois appelée à s’accélérer du fait des nouvelles contraintes réglementaires.
La gestion de la recharge reste un défi opérationnel pour ces entreprises. Certaines, comme Renault ou BMW, proposent des outils et services dédiés pour faciliter cette étape, intégrant aussi l’optimisation des coûts énergétiques. En parallèle, des solutions innovantes s’imposent : par exemple, la gamme de véhicules électriques proposée par Tesla séduit aussi bien pour son autonomie que pour les services d’accompagnement destinés aux entreprises.
Adaptation des infrastructures : installation et gestion des bornes de recharge d’entreprise
L’installation de bornes de recharge sur les parkings professionnels constitue une étape incontournable. Depuis le 1er janvier 2025, toute entreprise disposant d’un parking de plus de 20 places doit au moins disposer d’une borne pour chaque tranche de 20 places. Pour les parkings neufs ou rénovés dépassant 10 places, cette obligation monte à 20 % des emplacements équipés de points de recharge. Ces mesures participent à lever un obstacle logistique majeur à l’adoption massive de véhicules électriques.
La diversité des besoins selon les secteurs et les tailles d’entreprises implique que ces solutions ne peuvent pas être uniformes. À titre d’exemple, une PME de services comme Citroën peut se contenter d’une installation relativement simple, tandis qu’une grande entreprise de transport comme Mercedes-Benz ou Ford adoptera un système plus complet et sophistiqué, incluant parfois des bornes à haute puissance pour diminuer les temps de charge.
Le coût de ces équipements et leur installation inquiètent nombre de gestionnaires. Toutefois, des acteurs spécialisés proposent désormais des solutions modulaires à moindre coût. Le cube de puissance comme celui développé par Eiko est un dispositif populaire qui stocke de l’électricité durant les heures creuses, permettant une recharge optimisée et économique.
La complexité financière entre aussi en compte : des aides publiques et exonérations fiscales, comme la TVA à 5,5 % sur ces installations, sont offertes pour réduire l’impact des investissements. Il est donc stratégique pour les entreprises de se faire accompagner dans ces projets pour maximiser les subventions et éviter les erreurs techniques susceptibles de coûter cher sur le long terme.
L’importance de la formation interne pour bien utiliser ces infrastructures ne doit pas être sous-estimée. Les collaborateurs doivent être sensibilisés aux bonnes pratiques, tant sur le plan de la sécurité que sur celui de l’optimisation énergétique, garantissant ainsi la pérennité des installations et la satisfaction des utilisateurs.